Outre les agriculteurs, les jardiniers ont longtemps utilisé, eux aussi, beaucoup trop de pesticides dans leur potager et leurs jardinières. Mais depuis le 1er janvier 2019 marquant l’interdiction de leur usage dans les lopins de terre des particuliers, de nouveaux produits de traitement « biologiques » ont fait leur apparition dans les rayons des jardineries. Plutôt que de passer à la caisse en ayant recours à ces remèdes « naturels » contenant notamment des molécules de synthèse, pourquoi ne pas « cuisiner » vos propres potions saines et naturelles à moindre coût ? Comme les principes actifs des plantes ne doivent pas être mal utilisés, voici comment vous y retrouver parmi les différentes appellations de ces préparations ?
Le purin de plante ou extrait fermenté
Les purins de plantes sont les plus connus depuis ce qu’on a appelé la « guerre de l’ortie », mais officiellement, le nom de « purin » a été remplacé par « extrait fermenté » (ou parfois « extrait végétal »).
L’extrait fermenté résulte de la fermentation de plantes fraiches dans de l’eau de pluie, en respectant des conditions spécifiques telles que :
- récipient en plastique, verre, terre, inox, émail mais pas de fer ou de métal qui favorisent l’oxydation ; sa forme sera plus haute que large et il devra pouvoir contenir 1/3 de plus que le volume souhaité de purin ;
- eau de pluie avec pH > à 5 car l’eau du robinet est trop calcaire et celui-ci bouche les stomates des feuilles empêchant la fermentation ;
- sécateur, cisaille ou couteau bien affûtés et désinfectés pour couper proprement et nettement les plantes sans les broyer ;
- durée de fermentation variable entre 5 et 30 jours selon la température ambiante qui doit être entre 15 et 35°C.
La conservation d’un purin en bidon rempli jusqu’en haut et fermé hermétiquement peut durer plusieurs mois. Les propriétés et les utilisations des purins varient selon les plantes concernées : le purin d’ortie demeure emblématique comme stimulateur de croissance, le purin de consoude est apprécié pour ses vertus rééquilibrantes, le purin de prêle s’impose contre les maladies cryptogamiques, et puis la palette s’étoffe avec le purin de pissenlit, le purin de tomate, le purin de lierre, le purin de sureau…
La décoction de plante
Les décoctions de plantes permettent d’en extraire les principes actifs chez des végétaux peu enclins à le faire ; cela nécessite plus de temps puisqu’il faut laisser mariner dans l’eau les plantes coupées en petits morceaux durant 24h, avant de porter l’ensemble à ébullition à couvert durant 20 à 30mn en général.
La décoction s’utilise pure ou diluée selon les plantes et sans attendre car elle ne se conserve qu’une journée au frais. Essayez la décoction d’ail insecticide et fongicide, de prêle, de sureau, de tanaisie…
L’infusion de plante
Si vous avez l’habitude de vous préparer une tisane maison l’hiver pour vous réchauffer ou vous soigner, vous savez que l’infusion de plante consiste à laissez infuser des plantes coupées en petits morceaux dans une eau portée à ébullition ; il suffira ensuite de laisser refroidir avec un couvercle avant de filtrer.
L’infusion s’utilise pure ou diluée selon les plantes et sans attendre car elle se conserve seulement 24h, sinon ses principes actifs n’agissent plus. L’infusion de tanaisie insecticide et fongicide, l’infusion de rhubarbe, de menthe, de lavande, de santoline, insecticides et insectifuges sont les plus utilisées au jardin.
La macération de plante
La macération, à la différence des deux précédentes préparations n’utilise pas la chaleur : les plantes coupées macèrent juste dans l’eau (ou l’huile) durant 24h. Simple et rapide, la potion délivre ses doux principes actifs.
La macération s’utilise pure et immédiatement (24 à 48h maximum), avant qu’elle ne commence à fermenter. La macération de rhubarbe est insectifuge, la macération d’oignon est fongicide, insecticide et insectifuge tout comme la macération huileuse à l’ail…
Il existe donc principalement ces 4 façons de travailler les plantes pour en extraire les principes actifs dans des potions qui ne sont pas vraiment des engrais mais des fortifiants permettant aux cultures de bien se développer en étant armées pour affronter les embûches de dame Nature : macération, infusion, décoction ou extrait fermenté (ou purin mais apparemment, le mot « purin » était un peu connoté « ça pue » comme l’écrit Elise Goulhot dans son livre Les bons plants d’Elise*. Cette parisienne trentenaire néorurale s’est reconvertie comme productrice de plants de légumes bio après le confinement – qui a donné à tous le temps de réfléchir et même de faire son introspection – afin de se mettre en accord avec ses préoccupations de justice sociale et climatique. Sur un ton léger et enthousiaste, ce livre regorge de conseils pratiques et d’éclairages scientifiques s’adressant aux semeurs néophytes comme aux plus expérimentés.
* Editions Tana – 192 pages – 24 mars 2022 – 22 €
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