Si vous emménagez dans une nouvelle maison, qu’elle soit ancienne entourée d’un terrain ou qu’elle soit neuve avec du remblai rapporté, la question que vous pouvez vous poser sur la qualité du sol est tout à fait légitime. Avant de vous lancer dans un potager bio ou de vous essayer à la permaculture, mieux vaudrait être sûr que votre sol ne soit pas pollué. Est-ce possible qu’un terrain viabilisé ou urbanisé soit pollué ? Et si oui, par quels polluants ?
Le sol d’un potager peut-il être pollué ?
Normalement, un terrain situé en zone urbanisée qui a obtenu un permis de construire peut être cultivé pour l’agrément, c’est-à-dire pour accueillir un jardin ornemental avec pelouse ou un potager. Pourtant, il arrive, notamment dans les régions très industrialisées ou avec des installations agricoles intensives ou encore dans les zones fortement urbanisées, que certains terrains soient pollués.
La loi ALUR (loi n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour l’accès au logement et un urbanisme rénové), dans son article 173, permet maintenant d’identifier ces terrains. Elle prévoit la mise en place par l’État des Secteurs d’information sur les sols (SIS) qui doivent répertorier les « terrains où la connaissance de la pollution des sols justifie, notamment en cas de changement d’usage, la réalisation d’études de sols et de mesures de gestion de la pollution » (article L. 125-6 du code de l’environnement) : une carte de France des sols pollués à l’échelle cadastrale est ainsi dessinée mais non figée puisqu’elle évolue en fonction des nouvelles informations de pollution, des cessations d’installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), etc. La carte des SIS est consultable sur le site Géorisques.
Avec la Carte des Anciens Sites Industriels et Activités de Services (CASIAS), la carte des SIS est aujourd’hui intégrée aux documents d’urbanisme tels que Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi), schémas de cohérence territoriale (ScoT) ou autres documents d’urbanisme en vigueur, ce qui contraint les collectivités qui délivrent des certificats d’urbanisme à mentionner si le terrain est inclus ou non dans ces secteurs.
Si un projet de construction de maison se situe sur un terrain soumis à un SIS, le maitre d’ouvrage devra joindre au dossier de permis de construire une attestation garantissant la réalisation d’une étude de sol ainsi que la prise en compte de ses préconisations permettant de garantir la compatibilité entre l’état des sols et la conception du projet de construction habitable. C’est un bureau d’études certifié dans le domaine des sites et sols pollués, ou équivalent, qui est habilité à réaliser cette étude.
Cette avancée sur la prise en compte de la pollution a pour but de préserver la sécurité, la santé et l’environnement puisque les constructions sur les sites pollués sont strictement encadrées avec une clarification des responsabilités entre exploitant, propriétaire et aménageur. Les mauvaises surprises et les surcoûts engendrés par d’éventuelles découvertes de pollutions lors du démarrage des travaux d’aménagement ne peuvent plus se produire théoriquement.
En cas de non-respect de l’obligation d’information pré-contractuelle de l’acheteur d’un terrain soumis à un SIS, la personne flouée dispose d’un délai de 2 ans, à compter de la découverte de la pollution, pour demander la résolution du contrat, se faire restituer une partie du prix de vente avec la possibilité de demander la réhabilitation du terrain aux frais du vendeur lorsque le coût de la réhabilitation n’est pas disproportionné par rapport au prix de vente.
Les principaux polluants du jardin
Malgré ces dispositifs, si vous habitez sur un terrain acquis préalablement à l’entrée en vigueur de la loi Alur ou si les informations du site Géorisques ne sont pas assez explicites sur les risques encourus pour votre santé, sachez qu’il existe bien encore des sols habités qui sont pollués. Les polluants pouvant être retrouvés dans les potagers sont de 4 types :
- métaux lourds : il s’agit du plomb, mercure, cuivre, cadmium, arsenic, nickel, etc. Leur ingestion par consommation des légumes qui les accumulent, s’ils sont présents dans le sous-sol, est dangereuse ; selon la dose, leur toxicité peut entrainer des pathologies spécifiques, notamment pulmonaires ;
- hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui sont des composés issus de la combustion des carburants mais aussi du tabac et du bois, se retrouvent dans l’air, l’eau et l’alimentation via des dépôts atmosphériques sur les végétaux produits au potager ; ils sont impliqués dans le développement de certains cancers (carcinomes de la peau, cancer du poumon, tumeurs des voies urinaires) ;
- huiles minérales usagées telles que les huiles de vidange des voitures, tracteurs ou engins de jardinage, déversées dans le sol soit involontairement par fuite accidentelle, soit volontairement comme cela fut le cas durant très longtemps et comme cela se produit encore malheureusement ; les toxiques restent durablement dans le sol et se retrouvent inévitablement dans les produits alimentaires végétaux qui y poussent ; les risques concernent les cancers de la peau et les atteintes sur l’appareil respiratoire ;
- pesticides, utilisés par les agriculteurs, viticulteurs, arboriculteurs, ils se retrouvent dans les légumes cultivés : aussi, chaque année, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) publie un rapport sur les résidus de pesticides dans les denrées alimentaires et d’autres structures font de même comme l’association Générations Futures : il ressort que la présence de résidus de pesticides dans les fruits, légumes et céréales apparait au tout premier rang des préoccupations en matière de risque alimentaire en Europe.
Si vous suspectez une pollution substantielle du sol, il est possible de faire analyser un échantillon de terre par un laboratoire spécialisé. Dans tous les cas, l’importance de cultiver un potager sans intrants chimiques s’impose pour manger plus sainement.
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