Le frelon oriental (Vespa orientalis), jusqu’alors absent de l’Hexagone, a malheureusement été découvert en France à Marseille en ce mois de septembre 2021, au cours d’une étude sur la faune et la flore dans la cité phocéenne menée par 3 entomologistes Alain Coache, Bruno Gereys et Gérard Filippi. Ce cousin du frelon asiatique (Vespa velutina) et du frelon européen (Vespa crabro) se révèle être un prédateur d’abeilles sans pareil, et déjà les apiculteurs se font du souci, et au-delà, cet « intrus » va faire des dégâts sur l’écosystème et la biodiversité.
Reconnaitre le frelon oriental
Par sa taille, le frelon oriental va se rapprocher du frelon européen, en effet, les ouvrières et les mâles atteignent 2,5cm de long maximum tandis que les reines mesurent jusqu’à 3,5cm de long.
Toutefois, par sa coloration, la distinction se fait assez facilement : sa tête, son thorax et une partie de l’abdomen sont rouille foncé presque rougeâtre, tandis que l’extrémité de son abdomen est jaune vif, ce qui permet une identification fiable puisqu’aucune autre espèce du genre Vespa ne dispose de cette caractéristique. Son apparence est glabre bien qu’il soit velu mais si ras que cela ne se voit guère. Ses pattes sont également roux foncé. Les antennes brunes comptent 13 articles chez le mâle et 12 chez la femelle.
Même s’il n’est pas très agressif à l’encontre des humains (il se défend mais n’attaque pas), le frelon oriental peut piquer et inoculer son venin mais, hormis les cas d’allergie, ses piqûres présentent la même dangerosité que celles des frelons d’Europe ou que des abeilles (le dard ne se retire pas, donc il peut piquer à nouveau !).
Il est diurne et vit en petites colonies (1000), initiées par des femelles fécondées sortant d’hibernation qui vont mourir en fin d’année. Le nid, construit par les reines, est généralement installé sous terre ou au-dessus, mais dans une cavité, un lieu clos comme une fissure de rocher, un trou dans un mur ou un plafond, une ruche vide, etc. Il est parfois possible d’en découvrir sous un avant-toit, ce qui se remarquera par une enveloppe qui n’existe pas autour des nids des autres emplacements.
Les reines vivent 1 an, elles ne survivent pas à l’hiver, mais des frelons femelles reproductrices fécondées vont survivre qui, l’année d’après, nidifieront à leur tour, peut-être à plusieurs kilomètres, étendant ainsi leur aire de répartition avec une capacité de dissémination dont on ignore encore l’envergure.
La nourriture du frelon oriental
Le frelon oriental est insectivore, il débarrasse le jardin de divers insectes (mouches, cafards, sauterelles…) mais également d’abeilles : ces protéines lui permettent de donner à manger aux larves de son nid. Les dégâts qu’il cause sur les ruches sont encore plus conséquents que ceux que l’on doit au frelon asiatique, d’autant que son venin est plus toxique pour les abeilles domestiques.
La répartition géographique du frelon oriental
Le frelon oriental présente une aire de répartition étendue : de façon naturelle elle traverse les Balkans, la Bulgarie, la Turquie, le sud de l’Europe (Italie dont la Sicile, Malte, Chypre), l’Afrique de l’Est et du Nord, le Moyen-Orient, et s’étend encore vers l’Est : Turkménistan, Tadjikistan, Iran, Ouzbékistan, Afghanistan, Pakistan, Cachemire, Népal et Inde.
Il a commencé à s’enfoncer un peu plus en Europe via l’Andalousie en 2013 et il fait son chemin petit à petit vers le Nord, profitant du réchauffement climatique : nord de l’Italie et Marseille.
On ne sait pas précisément comment le premier frelon oriental observé en France y est arrivé, mais puisque, dans le passé, des reines ont déjà été interceptées en Belgique et en Grande-Bretagne dans des caisses d’agrumes provenant d’Israël, il n’est pas exclu que ces frelons aient profité d’un voyage par cargo en provenance d’Orient avec le port de Marseille comme destination.
Les friches industrielles permettant à la nature de reprendre ses droits, situées dans des espaces urbains, là où les premiers individus ont été repérés à Marseille, favorisent la synanthropisation du frelon oriental c’est-à-dire son adaptation à un milieu occupé par l’être humain.
A ce jour, il est délicat d’anticiper le devenir du frelon oriental sur le sol français puisqu’il ne s’était pas implanté en Grande-Bretagne et en Belgique. Il peut en être de même en France. Toutefois, puisque mâles, reine et ouvrières ont été observés à Marseille, cela indique qu’une colonie y existe bel et bien depuis au moins 2020. Il est à craindre que le climat chaud et les hivers doux ne pourront que l’encourager à rester…
Les moyens de lutte contre le frelon oriental
S’agissant d’une introduction nouvelle, les scientifiques sont intéressés par toutes les remontées d’informations que les particuliers promeneurs ou jardiniers pourront leur faire, afin de mieux renseigner leurs travaux d’études et de recherche.
Aussi, si vous voyez ce frelon oriental, vous pouvez le signaler en transmettant observations, photos ou/et vidéos au bureau d’étude Ecotonia chargé de l’étude d’impact qui a conduit à l’observation des premiers frelons orientaux. Vous pouvez également utiliser le formulaire de signalement du frelon asiatique proposé par l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), sans oublier de joindre une photo, et en précisant également en commentaire qu’il s’agit d’un Vespa orientalis.
Le but étant de mieux appréhender et contrôler l’expansion de l’espèce en France et de mettre en place les systèmes de lutte adaptés.
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