Le champignon chenille (Ophiocordyceps sinensis syn. Cordyceps sinensis) appartient à la famille des Cordycipitacées. Très prisé en médecine chinoise, ce n’est pas un champignon comme les autres ni un animal, il se classe parmi les champignons entomopathogènes c’est-à-dire un champignon qui parasite des insectes jusqu’à la mort de ceux-ci. Concernant ce champignon chenille, il parasite une chenille de papillon qui hiverne dans la terre, dans les montagnes tibétaines. La convoitise qu’il fait naitre aujourd’hui s’explique par ses vertus médicinales supposées.
Le cordyceps, un booster de vitalité
Ophiocordyceps sinensis anciennement Cordyceps sinensis, appelé également champignon chenille, yartsa gunbu, yarsagumbu ou yarchagumba, ainsi que divers noms variables selon les pays et régions d’Asie, parasite donc les larves de papillons du genre Thitarodes qui ont la particularité de passer l’hiver en sous-sol où elles trouvent à se nourrir (racines des arbres…) sur le haut plateau tibétain à partir de 3500m d’altitude. Lorsque le printemps arrive, le champignon ascomycète parvient à tuer la chenille et se sert de son corps momifié pour se développer en déposant des stromas qui vont libérer des ascospores permettant sa reproduction. Des chenilles ingérant ces ascospores vont se momifier de l’intérieur sous l’effet du mycélium qui va se développer. Le stroma qui s’étend parvient à traverser le corps de la chenille d’un bout à l’autre en ressortant comme une tige pouvant mesurer 5cm, et ainsi atteindre la surface du sol faisant comme une petite corne qui pousse et qui se récolte d’avril à juin.
La substance active du champignon chenille est la cordycépine, qui lui confèrerait donc, depuis des siècles, des propriétés de tonique majeur du Qi (énergie vitale) selon la médecine traditionnelle chinoise et la médecine traditionnelle tibétaine. On parle maintenant de vertus adaptogènes.
Les vertus médicinales du cordyceps
Ce sont les vertus aphrodisiaques du champignon chenille qui font sa renommée en phytothérapie, alors qu’aucune étude scientifique n’a prouvé l’efficacité de ce « viagra himalayen » ou « viagra tibétain » comme certains le qualifient.
Bien peu de preuves cliniques existent concernant ses supposées propriétés quant à des pathologies contemporaines (sida, cancer, hépatite…), mais cela n’empêche pas l’engouement pour le cordyceps.
Traditionnellement, les médecines chinoise et tibétaine lui attribuent des vertus rénales et hépatiques, ainsi que sur l’appareil respiratoire (toux, essoufflement, maladies respiratoires…).
Toujours selon ces praticiens, le champignon chenille agirait favorablement sur les fonctions génito-urinaires (impuissance masculine, éjaculations nocturnes, libido…). Il aurait même des propriétés permettant le traitement d’affections cardiaques.
L’espoir de booster ses performances sportives conduit également à consommer le cordyceps.
Enfin, il renforcerait le système immunitaire.
Le cordyceps est vendu sous forme de poudre, en gélules, pour toutes les vertus médicinales supposées, présentées ci-dessus. Toutefois, cet engouement n’est pas sans poser des problèmes éthiques.
L’exploitation sauvage du cordyceps au Tibet
Les propriétés pharmacologiques non prouvées du champignon chenille apparaissent si attrayantes que la demande mondiale, notamment dans les pays occidentaux, a bondi, faisant grimper les prix. Les habitants du Tibet s’improvisent cueilleurs pour gagner de l’argent, et trouver cet « or brun tibétain » : ainsi chaque printemps, les prairies himalayennes sont envahies et grattées à tout va, de plus en plus profondément, par des pauvres gens en quête du champignon chenille. Malheureusement, il se fait de plus en plus rare à cause du réchauffement climatique (disparition du permafrost nécessaire à son développement) et de la surexploitation du sol (cueillette dérégulée) qui nuit à la biodiversité locale.
L’économie du Tibet qui comptait beaucoup sur cette manne, notamment chez les éleveurs de yaks qui les gardaient dans les prairies, en pâtit déjà sérieusement. L’encadrement de la cueillette par les autorités échoue ce qui fait naitre des filières douteuses.
Pourtant, le champignon chenille peut être cultivé sur un substrat artificiel à base de céréales, ce qui n’engendre aucun impact environnemental, mais les adeptes du cordyceps sauvage le jugent beaucoup moins efficace.
L’utilisation des plantes pour se soigner doit se faire en demandant préalablement conseil à un médecin, pharmacien ou herboriste. Concernant les enfants, les femmes enceintes, les personnes atteintes de maladies chroniques et graves ou prenant des médicaments, la consultation d’un médecin est requise avant de faire de l’automédication pouvant entrainer des effets indésirables, notamment des interactions médicamenteuses.
Laisser un commentaire