Une fois l’été achevé, le temps de faire un peu de nettoyage au jardin arrive avec l’automne, afin que l’hiver puisse s’annoncer sur un environnement qui reste agréable, voire qui le sublime notamment lorsque le givre vient scintiller sur des fleurs sèches bien choisies. Ce « ménage d’automne » va produire un volume plus ou moins conséquent de déchets verts, selon la taille de votre jardin, que certains vont être tentés de faire brûler pour s’en débarrasser au plus vite. Sauf qu’il s’agit d’une très mauvaise idée pour plusieurs raisons…
La loi interdit de brûler les biodéchets
La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire est venue modifier le code de l’environnement qui maintenant interdit de brûler les biodéchets composés des déchets alimentaires et des déchets verts.
Que vos parents ou grands-parents aient eu l’habitude de faire du feu à l’air libre dans le fond du jardin ou que vous ayez en votre possession un incinérateur de jardin, toutes ces pratiques sont dorénavant interdites.
Si vous bravez l’interdiction et que la police de votre municipalité vous prend en flagrant délit, elle pourra vous dresser une contravention de 3ème classe (450 € maximum) pour infraction pénale, en vertu de l’article 7 du décret n°2003-462 du 21 mai 2003.
Pourquoi interdire de brûler ses déchets verts
Vous vous dites peut-être qu’il n’y a rien de toxique dans les déchets verts constitués de tontes de pelouse, feuilles mortes, tailles de haies et d’arbustes, tailles d’élagage, broussailles, etc. Certes, cependant, faire flamber à l’air libre des végétaux, notamment humides, émet beaucoup de polluants atmosphériques qui sont toxiques pour les êtres humains et l’environnement :
- des particules (PM),
- des oxydes d’azote (NOx),
- des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP),
- du monoxyde de carbone (CO),
- des composés organiques volatils (COV),
- des dioxines.
La pollution atmosphérique est déjà si importante qu’il n’est pas du tout bienvenu d’en rajouter. En France, la pollution de l’air par les particules fines (Ø < 2,5 μm) est responsable de la mort prématurée de 48 000 personnes tous les ans, selon des chiffres de 2016 de Santé publique France. Et puis, de nombreuses maladies, chroniques ou non, trouvent leur origine dans cette pollution, c’est le cas de certains cancers, maladies cardiovasculaires, asthme, accouchements prématurés et troubles de la fertilité, AVC (accidents vasculaires cérébraux), etc. Une étude de 2015 du Sénat chiffrait le coût total de la pollution atmosphérique pour la France, à environ 100 milliards d’euros par an.
Les quelques chiffres qui suivent, relatifs aux équivalents en termes de quantité de particules émises par le brûlage de 50 kg de déchets verts, parlent d’eux-mêmes (source : Atmo Auvergne-Rhône-Alpes) :
- 13 000 km parcourus par une voiture diesel récente ;
- 14 000 km parcourus par une voiture essence récente ;
- 1800 km parcourus par une voiture diesel ancienne ;
- 12 mois de chauffage d’une maison équipée d’une chaudière fioul performante ;
- 3 semaines de chauffage d’une maison équipée d’une chaudière au bois performante ;
- 700 fois plus de particules qu’un trajet de 20 km à la déchèterie !
Enfin, n’oublions pas que le feu de broussailles au jardin peut rapidement s’étendre et gagner des bâtiments ou des bois à proximité, du fait du vent : les risques d’incendie existent bien.
Que faire de ses déchets verts ?
Le volume des déchets verts peu vite grossir en cas de vaste superficie de jardin : l’ADEME (Agence de la transition écologique) estime que chaque Français génère environ 160 kg de déchets verts par an et que 9 % continueraient à s’en débarrasser en les brûlant.
Chacun sait comment se débarrasser et recycler ses déchets verts aujourd’hui, et les 9% de récalcitrants sont très certainement des fainéants égoïstes qui n’ont pas de conscience environnementale à plus longue vision que le bout de leur pré carré ! Voici les solutions les plus communes :
- déposer les déchets verts en déchèterie afin qu’ils soient valorisés en compost,
- faire un compost dans lequel vous pourrez évacuer tous vos biodéchets, puis profiter d’un fertilisant naturel de bonne qualité,
- pailler les cultures et plantations qui nécessitent différents paillis (tonte, BRF…) et peut-être que l’acquisition d’un broyeur de végétaux vous sera utile (pourquoi pas l’acheter en commun entre voisins?),
- pratiquer le mulching ou herbicyclage sur votre pelouse, ce qui fera un engrais vert pour le gazon et une absence de résidus d’herbe dont il aurait fallu se débarrasser, et puis mieux vaut tondre moins ras.
Lorsqu’une maladie, qu’un champignon ou que d’autres ravageurs ont attaqué certains de vos végétaux, beaucoup de littérature verte recommande de brûler les résidus contaminés issus d’une taille : ce n’est pourtant pas nécessaire si vous avez un compost car ce dernier, en chauffant, détruira définitivement les pathogènes et nuisibles.
En cas d’hésitation ou si vous souhaitez avoir des précisions pour des cas particuliers, contactez votre mairie ou votre métropole, via le service ad hoc qui peut porter différents noms : environnement, eau et déchets, transition écologique, environnement et écologie, protection de l’environnement…
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