L’époque n’est plus à l’achat compulsif d’un accessoire, d’un vêtement ou d’un bien quelconque qui pourra être jeté au moindre changement de tendance et dès que la lassitude de sa possession aura gagné son acquéreur. L’époque est à la réparation, au recyclage parce que les déchets s’amoncellent trop : ce gaspillage engendre incinérateurs et centre d’enfouissement, qui intoxiquent notre planète.
Il appartient à chacun d’entre nous, citoyens, de veiller à notre consommation et de pratiquer le tri de nos déchets ménagers. Et l’un des domaines où il est possible d’agir concerne nos biodéchets qui peuvent être valorisés.
Que sont les biodéchets ?
Commençons par le point de départ : selon Eurostat, en 2019, la France produisait 546kg de déchets ménagers par habitant. On évalue à 1/3 la part de nos poubelles constituée de restes alimentaires et issus de la cuisine ; à cela, il faut ajouter les déchets végétaux du jardin, et quelques autres, le tout constituant les biodéchets domestiques recyclables :
- les biodéchets de cuisine et de table sont les épluchures de fruits et de légumes ainsi que les restes alimentaires de repas d’origine végétale ou animale, les aliments périmés ou avariés ;
- les déchets végétaux du jardin ou déchets verts sont formés par les tontes de pelouse, les feuilles mortes, les tailles de branches et de haies, les restes de cultures non consommables, le curage des bassins et mares ;
- les déchets de la maison tels que les plantes d’intérieur, les mouchoirs et essuie-tout en papier, les cheveux récupérés dans la brosse, les sciures et copeaux de bois non traités, les cendres de bois, les litières de chats et autres animaux domestiques constituées d’argile ou de matière végétale, les matières des toilettes sèches, ainsi que les papiers et cartons bien qu’ils aient leur propre filière de recyclage ;
- les déchets des animaux domestiques concernent les petits élevages qui produisent fumier, plumes, viscères…
Toutes ces matières organiques d’origine végétale ou animale qui forment les biodéchets sont composés essentiellement de (en % de matière sèche) :
- composés organiques : 44% oxygène (O), 42% carbone (C), 6% hydrogène (H),
- éléments majeurs : 2% azote (N), 0,4% phosphore (P), 2,5 % potassium (K)
- éléments secondaires : 1,3% calcium (Ca), 0,4% magnésium (Mg), 0,4% soufre (S), 0,7 à 1,4% de silicium (Si), 0,001 à 3,5% sodium (Na),
- oligo-élements : 0,0005 à 0,15% fer (Fe), traces de bore, manganèse, zinc, cuivre, molybdène…
Pourquoi valoriser les biodéchets ?
Si d’un côté, on jette nos épluchures, et divers déchets verts du jardin, et que de l’autre côté, on achète des produits en jardinerie tels que terreau, fumier, compost, engrais, paillis, etc. L’incohérence saute aux yeux, n’est-ce pas ? Gaspillage d’argent pour vous et pour la collectivité qui a plus de volume de déchets à traiter, ainsi que pollution accrue pour fabriquer, transporter déchets et produits de jardinerie.
La raison implacable qui va obliger tous les citoyens à valoriser leurs biodéchets, c’est la contrainte puisque la loi du 10 février 2020, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, a prévu de généraliser le tri à la source des biodéchets au 31 décembre 2023, ce qui s’est traduit dans le Code de l’Environnement, Titre IV : Déchets, Article L 541-21-1 qui dispose :
« Les personnes qui produisent ou détiennent des quantités importantes de déchets composés majoritairement de biodéchets sont tenues de mettre en place un tri à la source de ces biodéchets et :
- soit une valorisation sur place ;
- soit une collecte séparée des biodéchets pour en permettre la valorisation et, notamment, favoriser un usage au sol de qualité élevée. (…)
Les biodéchets entrant dans un traitement aérobie ou anaérobie ne peuvent être considérés comme recyclés que lorsque ce traitement génère du compost, du digestat ou un autre résultat ayant une quantité similaire de contenu recyclé par rapport aux intrants, qui doit être utilisé comme produit, matière ou substance recyclés. (…)
Au plus tard le 31 décembre 2023, cette obligation s’applique à tous les producteurs ou détenteurs de biodéchets, y compris aux collectivités territoriales dans le cadre du service public de gestion des déchets et aux établissements privés et publics qui génèrent des biodéchets. (…) » .
Comment valoriser les biodéchets de la maison ?
La gestion et la valorisation des biodéchets constituent des enjeux importants au niveau des entreprises, des industries, des collectivités territoriales, etc. Pour les particuliers, il devient important de réfléchir de plus en plus à une valorisation sur place qui est plus économique et plus écologique que d’aller les déposer en déchèterie. Toutefois, il faut admettre que ce n’est pas toujours possible.
Les biodéchets de la maison et du jardin peuvent être utilisés facilement en paillage ou compostés, ils sont précieux pour obtenir un sol vivant et fertile. Selon leur nature, ils peuvent faire également un terreau de feuilles, du petit bois d’allumage de chauffage, de la litière pour animaux, etc.
Bien des solutions domestiques existent pour chaque biodéchet afin d’éviter de les jeter à la déchèterie, comme le prouve Denis Pépin, ingénieur écologue, agronome, expert du compostage et du paillage. Son ouvrage fait référence, et si vous voulez détenir les clés pour réussir les différents types de compostages individuels ou collectifs (bac, lombricompost, bokashi, toilettes sèches, etc.), Le Guide Terre vivante : Composts & paillages*, Recyclez vos biodéchets pour nourrir la terre, vous apportera quantités de réponses d’actualité puisqu’une nouvelle édition est publiée pour tenir compte de l’évolution du contexte juridique. La préface de Marc-André Selosse, biologiste et professeur au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, spécialisé en botanique et mycologie, vient rajouter encore du crédit à cette bible sans équivalent.
* Editions Terre vivante – 9 mars 2022 – 384 pages – 35 €
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