Avoir une pelouse parfaitement tondue, d’un magnifique vert, en plein mois d’août, en France (y compris dans une partie Nord non négligeable) relève autant de l’anachronisme que la création d’un golf dans la péninsule arabique. Il n’est plus envisageable aujourd’hui d’ignorer les conséquences environnementales de ces excès, il convient derepenser nos jardins et de tenir compte du sol et du climat qui dominent dans chaque zone. Pour autant, rien n’empêche d’avoir un gazon mais qui sera différent.
Où installer un gazon steppique ?
Comme son nom le laisse présager un gazon steppique fait référence à l’écosystème d’Eurasie centrale (steppe eurasienne), aux Prairies d’Amérique du Nord, à la pampa d’Amérique du Sud, etc. Ils ont en commun cette végétation constituée de plantes xérophiles – vivant donc dans des lieux secs – herbacées ou ligneuses, le plus souvent en touffes espacées, qui croissent sous un climat continental c’est-à-dire sec en été ou un climat tropical, soit semi-aride.
Sans que la comparaison avec nos jardins hexagonaux soit parfaitement envisageable, il apparait intéressant cependant de s’en inspirer notamment dans les sols arides, caillouteux, rocailleux, accidentés…ingrats, où il est difficile de faire pousser quoi que ce soit.
Le gazon steppique se destine donc aux sols minéraux qui pourront accueillir des plantes et fleurs des steppes qui s’y épanouiront.
Comment installer un gazon steppique ?
Pas question d’envisager l’installation d’un gazon steppique sur un sol riche et arrosé, il ne s’y développerait pas du tout. Au contraire, il a besoin d’un sol pauvre, sec et caillouteux, essentiellement minéral, un sol sur lequel aucune graminée ni aucune plante courante ne parvient à pousser spontanément. D’ailleurs, si des adventices se développent et étouffent le gazon steppique, cela signifie que le terrain ne lui convient pas.
Outre le sol, le choix de plantes dites « steppiques » s’impose. Il s’agit de plantes, bien évidemment, adaptées au sol ingrat décrit précédemment. Parmi celles-ci, citons quelques noms :
- l’adonis de printemps (Adonis vernalis) : mesurant autour de 10-20cm de hauteur, elle aime les sols calcaires, arides, les prairies sèches, et offre de jolis petites fleurs en coupe jaune vif (photo 2) ;
- l’immortelle d’argent (Anaphalis margaritacea) : petit arbuste de 60cm de haut, il aime les sols secs et forme des corymbes de petites fleurs blanches « argentées » ;
- le statice vivace (Goniolimon tataricum) : d’une hauteur de 40cm, il développe des tiges ramifiées qui laissent éclater des toutes petites fleurs blanches à bleu lavande réunies en corymbes ;
- la gypsophile (Gypsophila pacifica) : ne craignant pas les sols secs et sableux, ce petit arbuste de 50cm s’épanouit avec une riche floraison vaporeuse blanc rosé ;
- le sédum (Sedum sp.) ou orpin : plantes grasses aux feuilles charnues se déclinant en de nombreuses formes et couleurs, vous pouvez opter pour les espèces de succulentes les plus adaptées au gazon steppique comme Sedum acris (photo 3) aux fleurs jaune vif, ou Sedum spurium aux petites fleurs étoilées roses.
Comment entretenir un gazon steppique ?
Si le sol choisi est adapté, le gazon steppique ne demandera quasiment aucun entretien et agrémentera avantageusement des secteurs incultes, désolés, pierreux d’un jardin.
L’été qui suit la plantation, il sera prudent de surveiller l’installation des plantes et leur apporter un peu d’eau pour s’assurer qu’elles s’enracineront bien définitivement. En revanche, aucun apport d’engrais ne doit être fait.
Par la suite, le gazon steppique résistera à la sécheresse, au gel hivernal, aux vents froids, aux embruns, et même aux piétinements. Pour les espèces les plus hautes, un passage de tondeuse à l’issue de la floraison permettra de supprimer les hampes florales fanées.
Un environnement pierreux, nu, minéral est inadapté à la mise en place d’un gazon rustique bien vert mais cette idée venue des steppes est ingénieuse pour obtenir un joli tapis végétal sans entretien. D’autres alternatives au gazon anglais sont présentées et expliquées par Philippe Chavanne dans Je crée ma pelouse écologique*. Toutes ses jolies suggestions évitent non seulement la régulière corvée de tonte mais sont, en plus, des refuges pour la biodiversité et donc un atout écologique.
*Editions Larousse – 64 pages – 23 février 2022 – 6,95 €
Laisser un commentaire