Le lampyre à corselet marqué (Photinus signaticollis), ou luciole sud-américaine est un ravageur qui s’attaque aux vers de terre, si précieux pour le travail des sols. Ne vous laissez pas amadouer par son vol bioluminescent de début de soirée qui vous rappelle la magie du ver luisant ou lampyre (Lampyris noctiluca) qui réapparait un peu plus dans nos jardins, depuis quelque temps.
Le lampyre à corselet marqué, carte d’identité
Le lampyre à corselet marqué est originaire d’Amérique du Sud (Uruguay et Argentine), il appartient à l’ordre des coléoptères et à la famille des Lampyridae : il s’agit d’un insecte de couleur gris brun allongé, de 1,5cm de long, et de forme étroite, portant deux antennes noires. Le prothorax de l’insecte est plat latéralement, avec une forme arrondie dessus : sa couleur jaune clair est marquée au milieu d’une tache carrée noire virant légèrement vers une tonalité rosée de chaque côté. L’arrière du prothorax est brun clair et l’abdomen est brun comportant les anneaux lumineux jaunes. L’insecte est pourvu d’élytres gris foncé avec un bord clair. Les pattes sont foncées mais s’éclaircissent en remontant vers les cuisses.
Le dimorphisme sexuel concerne les anneaux lumineux situés sur la partie ventrale : il y en a deux chez le mâle et un seul plus petit chez la femelle. Les deux sexes sont dotés d’ailes et les femelles peuvent voler ce qui n’est pas le cas des femelles de nos vers luisants.
Le lampyre à corselet marqué produit une bioluminescence durant tout l’été, de juin jusqu’en novembre environ : il s’agit de parades nuptiales aériennes qui se déroulent environ une demi-heure après le coucher du soleil ; en volant, les mâles et femelles s’envoient des signaux lumineux pour susciter l’intérêt de partenaires potentiels.
Après l’accouplement qui se fait au sol en produisant des flashs lumineux particulièrement intenses durant 2h, les femelles volent moins à cause du poids de leurs œufs. Au fur et à mesure que l’été avance, délestées de leurs œufs, elles reprennent leurs vols, s’aventurant un peu plus loin, ce qui permet la prolifération vers une aire de plus en plus vaste.
La larve de Photinus signaticollis (photo 2) incarne le danger car c’est à ce stade que le prédateur est à craindre puisqu’il s’alimente de nos vers de terre. L’alimentation des adultes n’est pas scientifiquement déterminée à ce jour.
L’habitat du lampyre à corselet marqué (Photinus signaticollis) se situe dans les prairies fraichement coupées pour les foins, les pelouses tondues des jardins, et les plaines de champs cultivés.
Une luciole sud-américaine potentiellement invasive
Le lampyre à corselet marqué originaire d’Amérique du Sud a été repéré en Espagne dès 2018. Sa traversée de l’Océan Atlantique pourrait être due à des importations espagnoles de plantes exotiques en pots dont le substrat aurait contenu des larves de Photinus signaticollis.
En 2020, il a été identifié pour la première fois en France, dans la commune de Maureillas-las-Illas (Pyrénées-Orientales). Forcément, il progresse et a déjà gagné l’ensemble de la partie sud-est du département, allant de la frontière espagnole jusqu’au sud de Perpignan. Bien que son avancée estimée à 10km/an ne soit pas aussi fulgurante que celle de la coccinelle asiatique par exemple, il convient de suivre son développement pour tenter de l’enrayer et évaluer son impact sur la biodiversité car l’espèce se révèle potentiellement invasive.
Marcel Koken, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) spécialiste de la bioluminescence, son équipe et d’autres chercheurs, notamment de l’Université Complutense de Madrid, ont publié le 29 janvier 2022, une étude intitulée « Quick Spreading of Populations of an Exotic Firefly throughout Spain and Their Recent Arrival in the French Pyrenees » (Propagation rapide des populations d’une luciole exotique dans toute l’Espagne et leur arrivée récente dans les Pyrénées françaises).
Une démarche participative a aussi été mise en place par l’Observatoire des vers luisants et lucioles afin que chacun
puisse signaler ses éventuelles observations de l’espèce en remplissant un
formulaire en ligne.
(crédit photos : Lucas Rubio — inaturalist.org – CC BY 4.0)
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