Le jardin des simples fait référence aux jardins médiévaux puisque les « simples » étaient le nom donné aux plantes médicinales. Les moines avaient développé dans les abbayes et les monastères, la médecine médiévale à base de végétaux cultivés, pour servir dans les hôpitaux des monastères notamment. La pharmacopée végétale était la référence car, au Moyen-âge, l’esprit scientifique des Lumières n’avait pas encore permis l’émergence de la pharmacopée moderne. Toutefois, le jardin des simples ne doit pas se confondre avec le jardin de curé.
Le jardin des simples, la pharmacopée du Moyen-âge
Le Capitulare de Villis vel curtis imperii, dit le capitulaire De Villis, est un acte législatif promulgué par Charlemagne en l’an 812 qui a pour but d’édicter les règles domestiques de fonctionnement de ses domaines. C’est l’article 70 – ou le capitule 70 – qui nous intéresse ici puisqu’il liste près d’une centaine d’espèces dont la culture était rendue obligatoire dans les jardins du royaume à des fins médicinales, textiles et tinctoriales : 94 plantes précisément se répartissant en 73 herbes, 16 arbres fruitiers et 5 plantes textiles et tinctoriales.
Les moines se conforment donc à ces règles et s’organisent pour que leurs jardins soient efficaces, simples et utiles puisque là était leur but ultime. A cette époque, en effet, en premier lieu, le jardin devait être optimisé et productif pour répondre à 3 besoins :
- culture des légumes, avec l’enceinte du jardin potager dit hortus, en grec ;
- jardin à fruits et d’agrément grâce à ses arbres et arbustes formant un verger, dit viridarium, en latin ;
- plantes médicinales, aromatiques et condimentaires car leurs usages se combinent fréquemment, elles sont réunies au jardin des simples dit herbularius en latin.
L’esthétique n’étant pas exclue pour autant par les moines, une sorte de modélisation en découla avec une division en carrés.
La terre surélevée dans chaque carré permettait que le sol se réchauffe plus vite et les bordures de bois plessé permettaient de délimiter l’espace et de maintenir la terre. Le plessis pouvait être remplacé par des planches de bois ou des petits buis taillés. Quant à l’organisation géométrique, elle facilite les travaux du jardinier qui peut circuler et accéder sans encombre aux parterres, et permet une meilleure gestion de l’eau en termes de drainage et d’irrigation.
Il apparait aussi que ce plan en carrés a tendance à utiliser le langage thérapeutique en regroupant les végétaux selon leurs propriétés médicinales : diurétiques, digestives, analgésiques, sédatives, etc.
Enfin, la symbolique des moines y est omniprésente avec ces carrés ou rectangles de cultures qui dessinent des croix, symboles du christianisme par excellence, sans compter que le buis, en restant toujours vert, a acquis une représentation d’immortalité notamment lors des Rameaux préfigurant la résurrection du Christ ; cette dernière est matérialisée par le point d’eau, indispensable à la vie des plantes, souvent placé au centre du jardin, qu’il s’agisse d’un puits ou d’une fontaine. Enfin, les moines ont voué leur vie à Dieu, à la prière et à la méditation : quelques bancs sont toujours judicieusement placés dans ces jardins, certains offrant l’ombre convoitée lorsque le soleil brûle, d’autres apportant la douce chaleur des premiers rayons printaniers…
Les plantes du jardin des simples
Les plantes du jardin des simples regroupaient les herbes aux vertus à la fois médicinales, aromatiques et condimentaires car la frontière entre les usages est poreuse. Au jardin médiéval, voici les plantes du jardin des simples les plus courantes :
- absinthe (Artemisia absinthium) : fébrifuge, vermifuge, tonique, douleurs utérines
- armoise blanche (Artemisia alba) : digestive
- aurone (Artemisia abrotnaum) : digestive
- balsamite (Tanacetum balsamita) ou menthe coq : stimulante
- ciboulette (Allium schoenoprasum) : frais et aillé pour la cuisine
- fenouil commun (Foeniculum vulgare) : digestif et diurétique
- hysope officinal (Hyssopus officinalis) : expectorante, contre les maladies des bronches
- lavande (Lavandula angustifolia) : soins corporels , sédative, anxiolytique
- origan commun (Origanum vulgare) : anti-infectieux des voies respiratoires, digestif
- persil (Petroselinum crispum) : riche en vitamine C, digestif et diurétique
- romarin officinal (Rosmarinus officinalis) : hygiène buccale, digestif et diurétique. Star des jardins médiévaux avec l’alcoolat dit « eau de la reine de Hongrie » devenue une eau miraculeuse !
- rue officinale (Ruta graveolens) : répulsive contre les animaux
- santoline (Santolina chamaecyparissus) : digestive, régule le cycle menstruel, parfume en bouquets secs
- sarriette des montagnes (Satureja montana) : digestive, aphrodisiaque et empêche les flatulences
- sauge sclarée (Salvia sclarea) : digestive, hygiène buccale, anti-mites
- tanaisie (Tanacetum vulgare) : répulsive, insecticide
- thym (Thymus vulgaris) : digestif, antiseptique, contre les affections des voies respiratoires
Si vous souhaitez créer votre propre jardin des simples, sélectionnez les plantes (non toxiques) que vous appréciez sur le plan gustatif et celles qui peuvent vous être utiles pour soulager quelques maux bénins du quotidien.
Respectez les besoins de chacune en termes d’ensoleillement mais également en tenant compte de leur volume afin de placer les plus hautes au centre d’un carré et les plus tapissantes autour, elles seront plus accessibles ainsi, et vos carrés prendront un avantage esthétique !
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